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Stimuler la Numérisation des Paiements Marchands en Côte d’Ivoire: des Clients aux Fournisseurs

90% des marchands ivoiriens estiment que la gestion du cash est une entrave au bon développement de leurs activités et sont favorables aux paiements digitaux

La gestion de la monnaie est une entrave au développement des activités pour 9 commerçants sur 10 en Côte d’Ivoire. En même temps, bien que les bénéfices théoriques des paiements digitaux soient reconnus, la transition vers plus de digitalisation est freinée par des difficultés très concrètes. Dans l’objectif de saisir cette opportunité et de stimuler une adoption plus responsable des paiements digitaux, l’Agence de Promotion de l’Inclusion Financière de Côte d’Ivoire (APIF-CI) lance un guide d’orientation sectoriel, avec l’appui de la coalition onusienne Better Than Cash Alliance et le soutien technique de UNCDF Policy Accelerator. Ce guide est une application directe de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière, officialisée en mai 2019 par le Gouvernement ivoirien.

Les commerçants sont les points de contact quotidiens des populations. Ils deviennent ainsi des chaînons critiques pour l’adoption des paiements digitaux

Les petits commerçants ont tendance à servir les clients qui sont eux-mêmes exclus ou mal servis financièrement. Ils sont par conséquent les moteurs de l’inclusion financière.

La Côte d’Ivoire a fait des progrès significatifs ces dernières années en matière d’inclusion. D’après la Banque Centrale (BCEAO), au regard des acteurs de l’offre, le taux d’inclusion financière du pays atteignait les 78 % en 2019, soutenu par l’adoption du mobile money. Ainsi, il y a une réelle opportunité de stimuler l’accès aux services financiers formels pour certains segments de la population, dont en particulier: les femmes, les jeunes, les Petites et Moyennes Entreprises (PME), les Très Petites Entreprises (TPE) ainsi que les acteurs de l’informel, du monde rural et du secteur agricole.

Les femmes commerçantes jouent un rôle moteur dans l’économie ivoirienne. En effet, plus de 6 activités de commerce sur 10 sont tenues par une femme. De plus, près de 87 % de l’activité économique est généré dans l’informel. Le développement des paiements marchands offre alors une opportunité de renforcer l’autonomisation financière et la contribution économique des femmes. Cela permet aussi bien de répondre aux objectifs du Plan National de Développement 2021-2025 (PND) du pays que de participer à l’amélioration des Objectifs de Développement Durable (ODD).

Quatre contraintes principales ont été identifiées par le guide d’orientation:

  1. Les fortes exigences réglementaires dites « Know-Your-Consumer » (KYC), qui excluent plus de 50 % des PME et TPE locales.
  2. Les coûts d’acquisition, de location et de fonctionnement de certains matériels sont très élevés pour les petits marchands, au regard de la valeur ajoutée qu’ils leur apportent.
  3. L'instabilité de la connexion qui conduit bien souvent à des annulations de transactions, et donc à une perte de chiffres d’affaires.
  4. Le délai de compensation qui peut atteindre 3 semaines, et qui occasionne de fortes tensions de trésorerie pour les petits marchands dans les opérations quotidiennes avec leurs fournisseurs.

Ce guide d’orientation est le fruit d’un an de consultation avec les différents acteurs de l’écosystème: fournisseurs de services financiers, fintechs, régulateurs, associations, marchands, etc. Après analyse, les recommandations proposées s’articulent autour de quatre piliers:

  1. La dynamisation de la demande
  2. Le développement de propositions de valeurs spécifiques à chaque catégorie de marchands.
  3. La mise en place de modèles de tarification plus flexibles.
  4. Le plaidoyer autour de l’introduction de KYC adaptés aux petits commerçants.